Longitude

La longitude est une notion abstraite, si on y pense. De tous temps, elle a été une mesure difficile à apprécier. Seuls les géographes ont l'habitude de la manier, et de les dessiner pour rendre le monde accessible à notre pensée.

Ici, il a été question de les prendre pour ce qu'elles sont simplement, des lignes filant dans l'espace. En attraper un brin et se faufiler, participer à une grande trame qui nous échappe. Pour le plaisir du kilomètre qui trace sous les semelles, tricoter ces longitudes, les tisser de jours et de nuits…

Et ceci, tout du long, sans relâche, jusqu'à ce qu'on considère être arrivé à bon port. Notion relative s'il en est! Mais tant qu'on lui donne du crédit, le bon port est celui-ci et non pas cet autre, là…

Notion peu définitive bien évidemment, chaque arrêt étant une arrivée "à bon port", que cela ne dure que quelques minutes, 5 jours, ou 42.


deuxième nuit

Vendredi, 2 Mars, 2012 - 22:29
thème(s): longitude

fracas

Samedi, 3 Mars, 2012 - 03:00

Tout n'est que silence dans ce monde endormi sous la glace. Il fait si froid que les crachats gèlent avant de toucher le sol. Si froid qu'un arbre, aussi cassant qu'un brin de paille, peut subitement exploser sous la poussée d'une montée de sève.

John Vaillant, Le Tigre : une histoire de survie dans la taïga
Ed. Noir sur Blanc, 2011

thème(s): longitude

révéler par la nuit

Samedi, 3 Mars, 2012 - 03:59

thème(s): longitude

silence et image

Dimanche, 4 Mars, 2012 - 07:11

Mais ils ne bougent pas, debout devant la lucarne de verre qui est pour eux comme un écran de cinéma, où tout remue doucement, moléculaire comme la terreur et le désir, et puis soudain la nuit se déchire et le paysage se durcit au-dehors, net, géométrique, lignes pures et perspectives neuves, finie la nuit organique, la forêt se dresse dans la lumière rasante du premier jour, et c'est encore la même forêt, les mêmes arbres élancés, les mêmes fûts orangés, une forêt identique à ce point à elle-même c'est à en devenir dingue, on aura beau apercevoir une rivière qui sourd sous la glace, des buissons de fleurs pâles, de la neige en plaques marronnasses le long d'une piste boueuse, des toits, des palissades, c'est la même forêt, encore et encore, non plus l'océan mais la peau de la Terre, l'épiderme de la Russie, les griffes et la soie, et alors dans les lueurs de l'aube leurs visages se révèlent.

Maylis de Kerangal, Tangente vers l'est,
Ed. Verticales, 2012

thème(s): longitude

quand le paysage perle sur la vitre

Dimanche, 4 Mars, 2012 - 07:23

thème(s): longitude

intérieur

Jeudi, 8 Mars, 2012 - 10:23

Assis derrière une fenêtre, tout est possible. Elle est immobile, on se croit immobile aussi. Derrière la fenêtre, le ciel avance et les arbres, beaucoup d'arbres. Des traces dans la neige, des pas, mais pas d'homme en vue. A qui sont ces traces? Une grosse bête sauvage? Un immense tigre blanc avec une mâchoire capable de briser une tête d'enfant en une bouchée? Des indigènes qui déplacent leur pitance sur des traineaux? Des créatures imaginaires qui vivraient tranquillement leur existence magique, cachées derrière ces arbres interminables?

La fenêtre ne bouge pas vraiment, il semble faire froid dehors, un froid à briser les os, un vent à vous arracher une oreille ou deux. Comment font-ils, ces gens qui semblent vivre là? Que mangent-ils? Que font-ils de leurs soirées? Ils se racontent des histoires peut-être. Des histoires rocambolesques de fenêtres qui ne bougent pas, de tigres plus gros que des ours, de monstres imaginaires qu'on imagine vivre au bord des océans ou sur des îles bouillantes.

Et puis c'est qui ces rigolos, derrière la vitre, qui nous regardent? Ces blancs-becs à manches courtes, ils n'ont pas compris ce qu'ils faisaient là n'est-ce pas! Ici c'est la fourrure qui prime, espèces de promeneurs des chemins de fer!

Bien sûr, on s'invente un tas d'histoires. Aucune n'est vraie, ou alors tout est vrai. On n'en sait plus rien. Mais cela en vaut le détour, que ce soit vérifiable ou soluble dans l'air. Que d'histoires déjà racontées pour faire tenir ce fil sur ce chemin, immobiles et au chaud derrière une vitre sale.

thème(s): longitude

frontispice

Vendredi, 9 Mars, 2012 - 09:23
thème(s): longitude

Phileas

Vendredi, 9 Mars, 2012 - 17:11

 

Ce que refuse ici Fogg avec sagesse quel que soit l'attrait des sites qu'on lui propose, c'est de suivre un parcours préétabli par l'avis général de ses prédécesseurs, parcours dans lequel il risquerait de s'absorber dans la communauté des opinions, tout autant qu'en s'égarant dans l'infini des détails, de manquer le lieu.

 

Pierre Bayard, Comment parler des lieux où l'on a pas été?,
Ed. Minuit, 2012 

 

thème(s): longitude

ne pas se retourner

Dimanche, 11 Mars, 2012 - 11:13
thème(s): longitude

quand les ombres s'allongent

Dimanche, 11 Mars, 2012 - 17:33
thème(s): longitude, Couchant